Mesdames, Messieurs, chers convives,
Ce soir, nous ne sommes pas simplement réunis autour d’une table. Nous sommes conviés à un voyage — un cheminement sensoriel et philosophique, une octave ascendante dont chaque note est une révélation.
Je tiens à saluer avec gratitude notre hôte, dont l’enthousiasme discret mais profond a insufflé à cette soirée une énergie rare, une alacrité qui donne à chaque détail la joie d’exister pleinement.
Sa main, invisible mais présente, a su dulcifier certains accords, les adoucir sans jamais en atténuer la ferveur, comme un souffle qui caresse sans effacer.
La thématique que je vous propose ce soir — « L’Octave de l’Éveil : Le Goût comme Philosophie de l’Action » — est née d’un désir d’unité entre le corps et l’esprit, entre la matière et le sens. Elle s’inscrit dans une quête de plénitude, une forme d’eudémonisme, où le bonheur ne se cherche pas, mais se révèle dans l’attention portée à l’instant.
Les huit mouvements qui composent notre parcours sont autant de stations intérieures :
L’introspection,
La responsabilité,
La sensorialité comme ancrage,
Et l’éveil au goût comme acte de lucidité et de joie.
Chaque met, chaque whisky, a été choisi pour incarner ces étapes. Les cuvées — parfois confidentielles, toujours singulières — ont été extraites de ma collection privée. Leur expression ne se livre pas d’emblée, mais s’ouvre au moment juste, dans une déhiscence maîtrisée, comme une fleur qui sait quand éclore.
À notre table ce soir, deux expressions rares de whiskies japonais nous accompagnent. Leur présence évoque ce sentiment délicat et profond que les Japonais nomment vatsukashii : la tendresse d’un souvenir qui refait surface, effleure le cœur et fait sourire l’âme. Car chaque émotion gustative, chaque accord, fait écho à nos souvenances, à nos petits bonheurs, à nos madeleines de Proust.
Vous trouverez à chaque service une fiche de dégustation, mais rassurez-vous : chaque met et chaque accord vous sera présenté par l’équipe en salle, avec le soin et la passion qui les animent. Je serai également parmi vous, pour échanger, répondre à vos questions, et partager ce moment avec vous.
Et si, en fin de soirée, vous ressentez ce frémissement étrange — celui d’un rêve dont on ne connaît pas la fin, mais qu’on voudrait poursuivre — alors nous aurons atteint notre but. Ce moment suspendu, ce désir de revenir à l’instant, c’est ce que j’appelle jubjoter.
Ce soir, dans cette salle, dans cette lumière, dans cette harmonie, nous touchons peut-être à une forme d’ataraxie — cette paix stoïcienne née de l’accord entre le monde et soi.